Un texte de Daphnée Hacker-B., Journal de Montréal
Peu importe le gouvernement, il y a des dossiers qui ne bougent jamais au ministère des Transports, dont celui du covoiturage. Le MTQ ne fait presque rien pour concrétiser cette option de transport, même si la congestion automobile atteint des records.
Chaque matin, Steve Gagnon quitte sa maison de Blainville pour embarquer sur l’autoroute 13 en direction de Saint-Laurent, le deuxième plus gros bassin d’emplois à Montréal. Chaque matin, Steve est pogné dans le trafic, comme les quelque 143 000 automobilistes qui empruntent quotidiennement ce tronçon de l’autoroute 13.
« Avec mes collègues, on est nombreux à avoir fait le choix de vivre en banlieue, et on l’assume. Mais on aimerait ça faire du covoiturage, et il n’y a aucune voie réservée pour ça », dit Steve d’un ton découragé. Il me fait aussi remarquer qu’il n’y a pas non plus de stationnement incitatif de type « park’n ride » le long de l’autoroute, comme on en voit aux États-Unis.
Le cas de l’autoroute 13 n’est pas une exception, malheureusement. Certes, on retrouve au Québec quelques voies réservées au covoiturage et aux autos électriques sur de courts segments d’autoroutes (par exemple 15 nord entre Montréal et Laval, autoroute Robert-Bourassa, à Québec), mais, sur la majorité du réseau routier, il n’y a rien pantoute.
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J’ai contacté le ministère des Transports (MTQ) pour savoir pourquoi on fait si piètre figure. Sans surprise, leur réponse (par courriel) ne voulait absolument rien dire : « Le covoiturage est une solution intéressante [...] Le gouvernement travaille sur cette question [...] Des annonces sont prévues en temps et lieu. »
Wow, très éclairant, merci.
Le secret du succès
Le covoiturage connaît un réel succès aux États-Unis, où on retrouve un peu partout des voies express pour les autos ayant plus de deux ou trois passagers. Ça marche tellement bien que deux fois plus d’Américains utilisent le covoiturage que le transport collectif, selon les données du Bureau de recensement des États-Unis.
Pour convaincre une masse critique d’automobilistes de covoiturer, il faut remplir au moins trois critères, selon Marc-Antoine Ducas, expert en la matière et président de Netlift.
Tous ne croient pas au potentiel du covoiturage. C’est le cas de Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.
Selon cet urbaniste de formation, si le covoiturage fonctionne aussi bien chez nos voisins du sud, c’est parce que l’offre de transport en commun y est souvent médiocre.
Cela dit, M. Savard se désole que trop peu d’autoroutes québécoises possèdent des voies réservées aux autobus. Et pourtant, ça marche si bien : juste sur l’autoroute 10, la voie réservée aux autobus en direction du pont Champlain est utilisée par 23 000 passagers chaque matin, contre 18 000 qui traversent en auto.
À un moment donné, va falloir que le MTQ se réveille.
► Anecdote historique
En 1995, le MTQ a implanté une voie dédiée au covoiturage sur l’autoroute 13 à Laval, et l’a retirée au bout de quatre jours... dû à la grogne des voitures solo. On avance, on recule.
Les automobilistes qui empruntent la voie de service de l’autoroute de la Côte-de-Liesse en direction est, à la hauteur de l’autoroute 13, doivent composer avec un bloc de béton si mal installé qu’il en devient terriblement dangereux.
Je suis passée dessus en voiture, et le bloc fait un effet semblable à celui d’un dos-d’âne... mais les autos roulent à 70 km/h et plus ! Résultat : je me suis cogné la tête contre le toit de ma voiture et j’ai clairement endommagé le dessous du véhicule.
Qui est responsable de ça ? Roulement de tambours... la Ville de Montréal ! Je les ai contactés et ils ont admis que c’était du travail de cabochon (pas dans ces termes-là, on s’entend). On m’a assuré que des travaux de colmatage sont prévus dès que la température le permettra.
Contactez-moi si vous avez aussi des faux « dos-d’âne » autoroute de la Côte-de-Liesse dans votre coin !
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