Terrebonne, dimanche 6 décembre 2015
Véronick Talbot
Mardi 5 mai 2015
ABOLITION DE L’AMT
Bien que le ministre Robert Poëti n’ait toujours pas déposé de projet de loi en ce sens, son intention d’abolir l’Agence métropolitaine de transport (AMT) au profit de deux nouvelles structures fait déjà réagir dans la région. Des interrogations demeurent, mais tous s’entendent sur la nécessité de réviser en profondeur le modèle de gouvernance du transport collectif.
Le 24 avril, le ministre des Transports a d’ailleurs présenté la nouvelle structure qu’il propose au comité exécutif de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui, trois jours plus tard, a unanimement adopté une résolution pour exprimer son avis favorable à son endroit.
En vertu de ce modèle, l’AMT serait abolie au profit de deux nouvelles entités. La première, l’Agence régionale de transport, aurait un mandat de planification des projets de transport collectif et serait gérée par six élus de la CMM ainsi que par six experts nommés par le gouvernement. La seconde, le Réseau de transport métropolitain, résulterait de la fusion des conseils intermunicipaux de transport et chapeauterait également les activités des sociétés de transport de Montréal, Laval et Longueuil, qui conserveraient toutefois une certaine autonomie. Il en découlerait une meilleure cohésion dans l’offre des services d’autobus et de trains de banlieue.
«La proposition de modèle de gouvernance présentée par le ministre des Transports aux membres du comité exécutif de la CMM s’avère le début d’une réflexion intéressante, et les élus de la MRC Les Moulins veulent contribuer aux discussions pour faire valoir leurs points de vue avant que le processus législatif menant à la réforme ne soit mis en place», a-t-on réagi à la MRC Les Moulins.
Un processus simplifié?
La MRC se réjouit ainsi d’être conviée à la réflexion initiée par le ministre Poëti. «Nous appuyons nos représentants de l’Association québécoise du transport intermunicipal et municipal, qui ont toujours réclamé une révision en profondeur du mode de gouvernance du transport collectif. Ils en faisaient même une condition de base au succès du financement», a ajouté le préfet de la MRC et maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille, en rappelant que sa municipalité et celle de Mascouche injectent 19 M$ par année en transport collectif.
«Nous avons toujours favorisé la qualité du service et l’intermodalité autobus/train de banlieue, tout en souhaitant la mise en place d’une simplification tarifaire à l’échelle métropolitaine», a ajouté Guillaume Tremblay, maire de Mascouche et préfet suppléant de la MRC Les Moulins. À cet égard, le modèle de gouvernance proposé par le ministre des Transports a notamment pour objectif de simplifier la vie des usagers, qui doivent parfois se procurer plus d’un titre de transport pour un seul et même voyage. On espère aussi que la grille tarifaire sera mieux ajustée.
«Nos réflexions sur le processus qui sera mis en place seront guidées par la qualité du service à offrir à nos clients et par la capacité de payer de nos concitoyens», a conclu Stéphane Berthe, président du comité de transport de la MRC.
Un débat réclamé
Bien que le comité exécutif de la CMM et les élus de la MRC Les Moulins saluent le processus ainsi entamé, il n’en va pas de même de tous les élus de la Couronne Nord. Alors que le maire de Laval réclame un débat sur la question, le maire de Bois-des-Fillion a montré des inquiétudes quant à la mainmise que risque d’avoir la Ville de Montréal sur les projets de transport collectif advenant que cette nouvelle structure soit adoptée. Il n’est pas non plus convaincu que tous les élus de la CMM, qui regroupe 82 municipalités, sauront s’entendre.
L’important, c’est «la finalité»
Sur la scène politique provinciale, le chef de la CAQ et député de L’Assomption, François Legault, a exprimé les mêmes attentes que M. Berthe lorsque questionné par le journal La Revue. «Ce qui est important aux yeux de notre parti, ce n’est pas la structure, mais sa finalité. Nous sommes ouverts à toute proposition, tant qu’elle permet de maintenir les coûts les plus bas pour une aussi bonne qualité de services, et tant qu’elle confère un pouvoir accru aux élus municipaux.»
Selon lui, c’est «un problème de nomination politique» qui a été à la source des faux pas de l’AMT ces dernières années. On se rappellera notamment que sous le règne de Joël Gauthier, les coûts du projet du Train de l’Est avaient explosé, passant de 300 M$ en 2006 à plus du double à terme. L’AMT a par ailleurs fait l’objet de perquisitions de l’UPAC en novembre 2013 et en mai 2014 en lien avec ce dossier. «Le Parti libéral a nommé Joël Gauthier, qui n’avait aucune expérience en matière de transport, et le Parti Québécois a ensuite nommé Nicolas Girard, qui n’avait aucune expérience en transport ni en gestion. À l’avenir, on veut les bonnes personnes à la bonne place.»
Quant au péquiste Mathieu Traversy, député de Terrebonne, il analysera et commentera le dossier «quand le ministre Poëti aura déposé un projet de loi en ce sens, s’il le fait», nous a répondu son attaché politique Mathieu Lavigne.
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