Carl Renaud / Agence QMI
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Le transporteur ferroviaire Via Rail veut être propriétaire des voies ferrées sur lesquelles ses trains circulent pour transporter ses passagers plus rapidement.
La société d'État fédérale soutient que la vitesse de ses trains pourrait passer de 100 à 160 km/h en roulant sur des voies dédiées, qui ne seraient pas partagées avec des transporteurs de marchandises, comme le CN et le CP, ou des opérateurs de trains de banlieue, comme l’AMT. Une telle stratégie permettrait à Via Rail d'accueillir davantage de passagers et d’empocher plus de revenus.
«Il faut séparer les trains parce qu’il y a trop de congestion sur les rails, avec la croissance du transport de marchandises et le développement des trains de banlieue», a dit Yves Desjardins-Siciliano, président et chef de la direction de Via Rail, depuis mai dernier.
Le dirigeant a précisé que la congestion empêche les trains d’atteindre leur vitesse maximale. À 160 km/h, un train pourrait parcourir la liaison Montréal-Ottawa en une heure, le trajet Montréal-Québec en deux heures et se rendre à Toronto en trois heures et demie, toujours en partant de la métropole.
Le patron de Via Rail a partagé ses ambitions lors d’une allocution prononcée mardi devant des invités de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Il s’agissait de la première sortie publique de M. Desjardins-Siciliano, depuis son entrée en fonction.
Le patron de Via Rail pense que les liaisons reliant Montréal à Québec, Ottawa et Toronto deviendraient vite rentables sur des voies dédiées, car la rapidité attirerait plus de clients. Actuellement, 53 % de la facture de chaque passager est acquittée par une subvention d’Ottawa, qui a versé plus de 300 millions $ à Via Rail en 2013.
«On ne peut pas réaliser ce projet d’un seul coup. Il faut y aller tronçon par tronçon. Des opérateurs, comme le CN et le CP, vendent des tronçons secondaires à l’occasion», a dit le président de Via Rail.
Il a précisé que le transporteur possède déjà quelques kilomètres entre Coteau-du-Lac, au Québec, et Smiths Falls, en Ontario. Via est aussi propriétaire d’un corridor dans la région de Windsor. L’entreprise croit qu’en continuant à diminuer ses coûts et en augmentant ses revenus, elle aura davantage de marge de manœuvre pour acheter des tronçons.
Pour compléter un réseau dans les corridors payants, qui desservent Montréal, Québec, Ottawa et Toronto, Yves Desjardins-Siciliano soutient cependant que les différents paliers de gouvernements - fédéral, provincial et municipal - ainsi que le secteur privé devront investir pour financer ce projet évalué à quelques milliards de dollars.
Selon lui, de tels investissements seraient positifs pour le développement économique local. «Une municipalité pourrait offrir des terrains ou construire une gare», a illustré le dirigeant.
Yves Desjardins-Siciliano ne pense pas que l’établissement d’un train à grande vitesse dans le corridor Québec-Windsor soit nécessaire, compte tenu du coût élevé de ce projet. «Aller à Ottawa en une heure, selon moi, c’est assez. Je ne vois pas l’avantage d’y aller en 42 minutes», a-t-il commenté. Le dirigeant a cependant dit que les trains pourraient être électrifiés pour réduire leur empreinte écologique.