Un texte de Les Affaires
Les entraves à la circulation sont un enjeu de taille à Laval. En avril dernier, la ville était l’hôte d’un Forum sur la mobilité et le transport collectif qui a réuni près de 20 maires de Laval et des Basses-Laurentides et plusieurs dirigeants de chambres de commerce de la région.
Le constat : 50 millions d’heures sont perdues annuellement par des automobilistes pris dans des bouchons de circulation sur le territoire de la Rive-Nord. Les coûts liés à cette congestion totaliseront 1,3 G$ cette année, comparativement à 580 M$ il y a 10 ans, et atteindront 1,5 G$ en 2021.
« Il faut trouver des solutions aux problématiques de déplacement que vivent les travailleurs qui doivent se rendre dans les parcs industriels de la ville », fait valoir Marc Tremblay, directeur général adjoint au service de développement économique de Laval.
La ville travaille notamment avec Coop Taxi Laval pour la mise sur pied d’un système d’algorithme qui permettrait à des travailleurs, qui se rendent chacun à des destinations différentes, de partager les coûts d’un seul taxi.
Entre-temps, la STL offre depuis trois ans la navette 360, un service de transport gratuit qui fait la boucle autour du centre-ville de Laval. Pour les sept premiers mois de 2018, cette navette avait transporté plus de 42 000 passagers, comparativement à 23 332 pour la période équivalente l’année dernière et 11 468 en 2016.
La Ville de Laval et la Société de transport de Laval (STL) ont également mis sur pied en août 2017, le Centre d’incubation et d’accélération en mobilité intelligente à Laval (CIAMIL). Ce laboratoire vise notamment à développer des technologies qui permettront d’améliorer la desserte en transport des personnes et des marchandises sur le territoire lavallois, mais aussi des solutions adaptées à d’autres villes confrontées à des enjeux similaires.
Il y a en effet encore beaucoup de chemin à faire en matière de transport intelligent. « On parle beaucoup de ville et de mobilité intelligentes, mais on est encore loin du but », estime Caroline Arnouk, fondatrice de Technologies OPA, qui conçoit un logiciel visant à mieux gérer les entraves à la circulation.
À l’époque, l’ingénieure civile travaillait dans l’équipe à la coordination des travaux à la Ville de Montréal. Différents intervenants, assis autour d’une table devant des fichiers Excel et des cartes souvent dessinées à la main, devaient alors coordonner des centaines de chantiers. Elle quitte alors son emploi « pour trouver plus rapidement de meilleures solutions technologiques », explique la détentrice d’une maîtrise en gestion des infrastructures urbaines de l’École de technologie supérieure.
Elle prend un an pour explorer le marché et trouver des programmeurs et spécialistes en architecture et en sécurité des données avant de lancer Technologies OPA. La pénurie de main-d’œuvre dans le secteur des technologies de l’information a rendu difficile le recrutement de tels spécialistes. « Surtout qu’il fallait les convaincre de se joindre à une start-up », relate Mme Arnouk.
La PME lavalloise offre aujourd’hui un logiciel de données géospatiales qui permet de centraliser l’ensemble des informations venant des organisations qui effectuent des travaux d’infrastructures. Avec l’objectif de faciliter les interventions des secteurs publics et privés et mieux gérer les déplacements autour des chantiers et des événements.
L’entreprise a décroché un premier contrat avec Infrastructure Canada qui souhaitait gérer les entraves des différents projets dans les secteurs touchés par les travaux de l’échangeur Turcot, du nouveau pont Champlain et de l’autoroute Bonaventure. La Ville de Québec a aussi fait appel à son logiciel pour la gestion des entraves à la circulation découlant des centaines de travaux sur son réseau routier.
Technologies OPA vient aussi de signer un contrat avec la Ville de Brossard où seront construites trois stations du Réseau express métropolitain (REM). « La ville souhaite mieux arrimer ces chantiers avec ses propres travaux d’entretien et d’infrastructures ou ceux d’Hydro-Québec, par exemple », explique Mme Anouk qui doit par ailleurs faire prochainement une tournée dans six villes ontariennes, dont Toronto, pour explorer ce marché. Elle vise aussi à faire connaître l’entreprise aux États-Unis.
La PME cible aussi l’industrie des transports qui, selon Mme Anouk, pourrait bénéficier du logiciel d’OPA pour optimiser le déplacement de leur flotte de camions, d’autobus ou de taxis. Le logiciel permet aussi à des commerçants de pouvoir informer la clientèle, via les réseaux sociaux, que leur établissement est toujours ouvert pendant des périodes de travaux d’infrastructures dans leur voisinage et, surtout, comment s’y rendre.