REM: monopole et clauses de non-concurrence au coeur du projet | Patrice Bergeron

REM: monopole et clauses de non-concurrence au coeur du projet | Patrice Bergeron

de www.lapresse.ca dans Société et politique

Dans le projet d'entente entre l'Autorité régionale de transport métropolitain et la Société en nom collectif REM, on apprend que le REM s'arroge de vastes territoires, avec des clauses de non-concurrence, pour assurer sa rentabilité. De même, il bénéficiera de «clauses de rabattement», qui garantissent que l'ARTM doit ramener les usagers du transport en commun vers les gares du REM.

Le Réseau express métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement a obtenu des zones de monopole qui vont condamner les services de transport existants en banlieue et qui obligent à rabattre la clientèle vers ses gares.

C'est ce que révèle un document de travail confidentiel préparé par l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) et la Société en nom collectif REM, qui a été obtenu par La Presse canadienne.

Ce projet d'entente a été éventé alors que le REM est sous le feu des critiques: l'opposition officielle péquiste propose en effet, si elle forme le gouvernement en octobre, de renoncer au projet pour mettre en place un réseau beaucoup plus étendu de transport en commun qui réduirait davantage la congestion routière.

Dans le projet d'entente, on apprend que le REM s'arroge de vastes territoires, avec des clauses de non-concurrence, pour assurer sa rentabilité. De même, il bénéficiera de «clauses de rabattement», qui garantissent que l'ARTM doit ramener les usagers du transport en commun vers les gares du REM.

Sur une des deux cartes, on peut voir que la zone de monopole à l'ouest va de l'autoroute 13 jusqu'à Sainte-Anne-de-Bellevue, sur l'île de Montréal, s'étend aussi sur l'île Jésus vers l'ouest à partir de la 13, et dans les Basses-Laurentides, suit l'ouest de la 148 jusque aussi haut que la 50.

En Montérégie, le monopole s'étend au sud de la 116, à l'ouest de Saint-Basile-le Grand, jusqu'aux limites de Candiac.

Sur l'autre carte, à Montréal même, le bassin de non-concurrence est délimité par le boulevard Saint-Laurent, la rue Jean-Talon, le chemin de la Côte-des-Neiges, jusqu'à la ligne Mont-Saint-Hilaire et l'autoroute Bonaventure.

Dans le document, on peut lire que l'Autorité s'engage à ce qu'«aucun service de transport collectif (excluant le transport adapté) ne soit offert reliant l'un ou l'autre des bassins de non-concurrence pour les Antennes Deux-Montagnes, Sainte-Anne-de-Bellevue et Rive-Sud, respectivement au centre-ville de Montréal».

Également, qu'«aucun service de transport collectif ne soit offert entre la Rive-Sud et le centre-ville en empruntant le pont Champlain», de même, qu'«aucun service de transport collectif ne soit offert reliant directement l'aéroport Trudeau et le centre-ville», et enfin, qu'«aucun service de transport express ne soit offert entre l'aéroport et la station de métro Lionel-Groulx».

Par contre, l'ARTM pourra offrir un service hors des plages horaires du REM.

Par ailleurs, l'ARTM s'engage à rabattre par autobus les usagers du transport en commun vers les gares du REM. Les bassins de rabattement sont également très vastes, mais ils comprennent des zones partagées, notamment avec la ligne de train Vaudreuil du Réseau de transport métropolitain (RTM), ainsi qu'avec les lignes Candiac et Mont-Saint-Hilaire pour certaines portions.

On apprend également que l'ARTM devra prendre la relève en cas de panne du REM.

Rappelons que le REM est un projet de train de banlieue de 6,3 milliards mené par la Caisse de dépôt, mais également financé par le Québec, le fédéral et Hydro-Québec.

Il comprend une grande ligne qui va de la rive nord (Deux-Montagnes) à la rive sud (Brossard) en passant par l'île de Montréal, ainsi que deux segments vers l'ouest de l'île, pour un total de 26 stations. Les travaux doivent commencer en avril et se terminer en 2021.

Le Parti québécois a proposé en début de semaine l'abandon du REM pour réorienter l'argent vers un vaste réseau de bus rapides, de tramways et une bonification majeure des services de trains de banlieue pour desservir l'ensemble de la grande région métropolitaine.

Évalué à un peu plus de 7 milliards, le plan du PQ prévoit neuf circuits de bus rapide dans l'Est et l'Ouest de Montréal, sur la Rive-Sud et sur la couronne Nord, cinq lignes de tramways électriques dont quatre sur l'île desservant le secteur de l'hippodrome, l'aéroport international Montréal-Trudeau, l'Est de Montréal jusqu'à son extrémité et le boulevard Saint-Laurent.

Le cinquième service est un tram-express sur la Rive-Sud qui occuperait la voie réservée du pont Champlain, qui se rendrait jusqu'à l'aéroport de Saint-Hubert dans une direction et jusqu'à Saint-Constant dans l'autre.

Quant aux trains, le plan du PQ prévoit des ajouts de gares et de départs sur la quasi-totalité des lignes et une desserte plus éloignée pour quatre d'entre eux, soit jusqu'à Saint-Hyacinthe pour le train de Saint-Hilaire, jusqu'à Saint-Jean-sur-Richelieu pour le train de Candiac, jusqu'à Joliette pour le train de l'Est et le train de l'Ouest se rendrait à Coteau-du-Lac.

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